POURQUOI LA HI-FI?

Pour commencer seront évoqués les grands principes qui ont présidé (et président toujours) à cette appelation parfois si galvaudée.

Le fonctionnement de chaque maillon sera exposé, puis les contraintes seront évoquées.

Nous verrons alors comment les constructeurs ont tenté d'apporter des réponses.

 

Vous avez dit "Haute-Fidélité" ?

 

L'appellation "Haute Fidélité" renvoie sytématiquement à l'image du chien qui écoute et reconnait "La Voix de son Maitre" où le concept publicitaire de l'époque (hélas mensonger, mais il n'y a pas eu de changement, ou si peu, depuis...) voulait -au moins- traduire une approche de la perfection et se jouait avec intelligence de la notion de "fidélité". L'animal dont nous connaissons l'acuité des sens, semble pourtant bien se laisser "tromper" par le son venant de l'appareil, "tant la copie est identique à l'original"... Toute l'histoire de l'enregistrement sonore (et en cela, le concepteur de la publicité, lui, ne s'était pas trompé) réside dans ce logo d'une marque connue.

 

Cette quête de la vérité, de la reproduction la plus parfaite va occasionner de gros "brain stormings" dans tous les bureaux d'étude des fabricants, partant de concepts établis et d'une liste impressionnante de défis particulèrement difficiles à relever. Elle va aussi générer de gros profits. La vraie fidélité ne pourrait exister que si tout le monde respectait son concept: "pas de tricherie", donc pas d'ajout, pas de système en plus, pas de système en moins, en fait pas de "système" du tout. La vraie ligne droite entre micros (deux pour une stéréo naturelle) et hauts-parleurs, le tout d'une neutralité exemplaire, mesurée, quantifiée, reconnue. Et on ne parle même pas du local d'écoute à ce stade, qui vient tout remettre en cause... La vraie "Haute Fidélité" au départ c'est ça. Malheureusement, rien n'est jamais simple et souvent à vouloir bien faire, le bien est précédé du mot "trop". De là des dérives et le proverbe "traduttore, traditore", 'traduire, c’est trahir ' exprime bien cet état de faits. Démonstration:

 

 

Vous pouvez voir ci-dessus le célèbre tableau «La voix de son maître», du peintre anglais Francis Barraud. Dès 1900, la compagnie Berliner de Montréal en fait son symbole corporatif et imprime l'image sur la face B de ses disques.

Avec l'achat de Berliner par Victor, puis de Victor par RCA, Nipper le chien devient officiellement américain...Fait à noter : la première version de la peinture de Barraud montrait un chien avec un phonographe à rouleau de cire (l'invention d'Edison), mais à la demande de Berliner, l'artiste accepta de changer le phonographe pour un gramophone...

 

 

Les maillons de la chaîne "Haute-Fidélité":

Les sources

 

Un retour aux choses simples pour commencer: Partis de 1900, un "petit" saut dans le temps nous amène à l'électrophone, dont Teppaz a été une des marques emblématiques. De quoi s'agit-il?

 

Un éléctrophone Teppaz

 

 

Basiquement et comme son autre appelation courante l'indique, un tourne-disques doit pouvoir entraîner de manière régulière en rotation sur son plateau notre chère galette de vinyle. Pour en lire le contenu, le procédé inverse de la gravure est utilisé.

Le sillon du disque qui contient la modulation est parcouru par une petite pointe fine montée sur un tube support, lui-même raccordé mécaniquement de manière souple à un cristal de quartz incorporé dans la cellule de lecture. Ce couple pointe/cellule fonctionne suivant les lois de la piézo-électricité, avec la pression du bout interne de l'aiguille sur le cristal qui va à son tour recréér des variations "proportionnelles", exploitables par l'amplificateur qui le suit.

 

 

Pointe de lecture dans un sillon

 

 

Problème pour le Hi-Fiste (d'où les guillemets), si cette pression est proportionnelle à l'amplitude de variation du déplacement de l'aiguille, elle ne l'est pas du tout à sa fréquence. Or, comme expliqué dans les processus de stockage, le sillon du disque ne contient pas l'ensemble des fréquences avec la même amplitude...

 

Une fois le signal acheminé de la cellule à l'amplificateur, on se rend bien vite compte que le haut parleur équipant l'appareil, de petit diamètre (17 cm en général), mis en mouvement par un amplificateur de 2 à 5 Watts, n'est pas adapté à la diffusion de graves profonds et d'aigus ciselés...En bref la musique est là, mais l'illusion d'être à un concert reste ici une vue de l'esprit...D'autres problèmes plus techniques apparaissent également, compte-tenu de ce que nombre de conditions diffèrent entre gravure et lecture. Parmi d'autres, citons la longueur du bras, l'angle formé par la pointe au bout de ce bras, le poids sur le disque, la stabilité de la vitesse, le bruit engendré par le système de rotation transmis au disque qui revient aux hauts parleurs, les limites de la bande de fréquences transmises...un électrophone, quoi...

 

C'est là que la Haute Fidélité intervient en créant le concept de "platine":

Une Platine tourne-disques est un appareil destiné à effectuer la lecture de disques dans les conditions les plus proches de la gravure avec une réduction à minima de tous les phénomènes indésirable. Elle a vocation par ailleurs à respecter le support, en assurer sa préservation et assurer bien sûr la plus fidèle restitution de ce qui y est inscrit. Toutes ces étapes passent par l'usage d'une lignée d'éléments dont chaque détail est mûrement réfléchi avant sa réalisation, conçus dans l'optique de l'excellence.

Et comme, à ce stade, nous avons loisir de lire véritablement un disque, l'ensemble des éléments qui vont suivre cette source devront être de même conception, excellents, pour ne pas perdre en route le bénéfice acquis.

 

Après le tourne-disques (turntable), vous trouverez la radio (tuner) qui va bénéficier de la même démarche pour faire entrer chez vous des flots de musique par la voie des ondes dans un même souci de qualité. Vous trouverez également des platines lecteur de disques compacts, des platines lecteur-enregistreur de cassette (K7 Tape decks) des platines de magnétophones (open reel tape decks).

 

Toutes ces sources de qualité auront besoin d'un amplificateur de puissance pourvu des différentes entrées nécessaires et adaptées, délivrant en sortie de quoi faire remuer les hauts-parleurs contenus dans des enceintes (speakers enclosures). Ces différents éléments répondront à des critères de qualité précis, ou devront au minimum excéder les spécifications requises par les consortiums et/ou les normes dans des conditions définies.

 

Gardez à l'esprit que toutes les caractéristiques sont mesurables objectivement, donc comparables dans ces conditions et uniquement dans ces conditions...

 

Voilà pourquoi, partant de quelques euros, on arrive à plusieurs milliers...La qualité à un prix. Souvent justifié. Mais attention à ne pas sombrer dans la piscine du délire, où souvent de grands requins très malins déguisés en poisson pilotes semblent vous indiquer la direction à suivre, alors que la seule qu'ils suivent, eux, est celle de votre porte monnaie....

 

 

 

 

 

Les contraintes de la Haute-Fidélité, ou comment faire avec, malgré tout...

 

L'équilibre tonal

La règle des 400 000, instaurée par les électroniciens en haute-fidélité, établit que le produit de la fréquence la plus basse par la plus élevée transmise doit donner ce résultat à niveau constant dans une fourchette maximale de 3dB, afin d'obtenir et maintenir l'équilibre tonal subjectif. Par exemple 20Hz X 20000Hz = 400 000. Si la chaîne électro-acoustique ne peut fournir ce type de résultat alors le son sera désagréable par manque d'équilibre.

 

Distorsion non linéaires apparente:

Celle-ci apparait lorsque pour un signal d'entrée sinusoïdal, la tension de sortie se présente sous forme d'un signal déformé décomposable en série de Fourier. Il en résulte un déséquilibre du timbre et une introduction de sons partiels qui ne sont pas en rapport simple avec le fondamental, d'où des combinaisons de sons non harmoniques désagréables, d'autant plus mal tolérés qu'ils donnent une sonorité agressive et fatiguante (harmoniques impairs). La génération indésirable d'harmoniques pairs au delà de 5% quant à elle, modifie substantiellement le timbre.

 

Distorsion transitoire:

L'expérience montre qu'une chaîne de transmission électro-acoustique présentant des régimes transitoires défectueux se caractérise, à l'audition, par un son terne, plat, qui manque de mordant, comme si la bande de fréquences transmise était rétrécie, gommant les attaques.

 

 

LES REPONSES AUX CONTRAINTES DE LA FIDELITE

 

Il faudrait nous appliquer à vérifier toute chose par des tests comparatifs sérieux, les théories ne valant pas grand chose si elles ne sont pas confirmées par l’expérimentation et remettre perpétuellement en cause toutes nos théories, idées et (in)certitudes en comparant la copie à l’original.  C’est par là que tout devrait commencer et si ce type de test était pratiqué de manière systématique, moins de bêtises seraient probablement écrites.

 

Il est assez aisé de reproduire le son d’un disque pop sur scène quand on dispose d’une bonne chaîne de reproduction. A l’inverse, le mode de propagation des instruments naturels est infiniment plus complexe et ne se limite pas à deux points d’émission, gauche droite. Il se présente sous la forme de fronts d’ondes multiples et complexes ce qui fait que les  instruments naturels sont beaucoup plus riches et difficiles à reproduire mais il faut les connaître pour parler d’eux. Comme ces sons naturels existent, on peut toujours se référer à l’original. La fidélité n’a pas d’âge et ne s’applique qu’à ce qui peut être reproduit, c’est à dire aux sons qui ont réellement existé.

 

 

Le rumble (ou ronronnement) des tourne disques aux alentours de 10 à 30 Hz peut être compensé en rendant très lourd le plateau et son support, un bon bras de lecture incorporera alors un système d'amortissement visco-élastique pour éliminer les résonnances mécaniques résiduelles. Cette plage de fréquence est propice à créér des intermodulations (en agissant comme un trémolo).

 

Pleurage et scintillement peuvent être corrigés en utilisant une régulation de vitesse efficace, gérée par électronique, qui peut piloter directement le plateau (direct drive) ou utilisant un moteur multipôles associé à une courroie large et souple dont l'effet gyroscopique de volant, par son propre poids, contribue à la régulation. Comme ces défauts apparaissent aussi dans les magnétophones, bien souvent une fonction particulière est assignée à chaque moteur, le moteur de cabestan (celui qui entraîne véritablement la bande magnétique) faisant l'objet d'un soin tout particulier. Dans les magnétos à cassettes, en complément de la régulation électronique, une association mécanique de deux volants pour assurer la rotation régulière du cabestan est souvent mise en oeuvre.

 

 

 

(Bien) CHOISIR SON MATERIEL

 

Pour choisir, il faut souvent déjà connaître un peu les pièges à éviter, puis mettre en balance ce qui est proposé sur le marché avec son budget établi, ceci afin de ne pas être confronté à la possibilité d'acquérir un mouton à cinq pattes, qui ne fera pas ce que vous attendiez de lui...

 

Quelques questions à se poser, simples, sur des choix matériels permettent de recadrer la demande:

*- A quelle fréquence (!) vais-je m'en servir?

*- Quel volume ai-je à sonoriser?

*- Quelles sont mes sources sonores de prédilection?

*- Ai-je la place pour un gros sytème?

 

Si la réponse à la première question vous laisse perplexe, ne vous lancez pas dans une aventure : avoir de la musique ou laisser la radio en fond sonore ne créent pas de besoins trop difficiles à satisfaire.

Si, en revanche, vous vous arrêtez sur la deuxième, sachez qu'une chaîne haute fidélité fonctionne dans 90% des cas à 10% de sa puissance maximale (nous y reviendrons). Si, de surcroit, les enceintes sur lesquelles vous avez jeté votre dévolu disposent d'un bon rendement (exprimé en dB pour une puissance d'un Watt à l'entrée et mesuré à une distance d'un mètre, le nombre le plus élevé dans ces conditions indiquant un fort rendement) alors un amplificateur d'une cinquantaine de watts efficaces par canal pourra déjà largement suffire dans bien des cas.

Pour la troisième question, il s'agit de considérer le nombre d'entrées disponibles sur le préamplificateur ou ampli-préampli, avec la possibilité laissée ou non de choisir l'origine et la destination des opérations de copies indépendantes de l'écoute. Plus simplement, il faut toujours prévoir au moins une entrée libre de plus que l'équipement ne le laissait prévoir...

Quant à savoir si la place est disponible pour un gros sytème, il faut tenir compte de l'encombrement des enceintes au sol et en hauteur, sachant qu'elles ne doivent pas être trop près des parois de la pièce, que les amplificateurs qui les alimentent délivrent des calories (chaleur) qu'il faut laisser s'évacuer et que la spécialisation de chaque maillon (compris les sources) fait que la place occupée peut vite s'exprimer sous la forme d'un (gros) meuble, même si les éléments sont rassemblés en colonne.

 

 

Un amplificateur susecptible de délivrer plus de 100 Watts par canal est aussi capable de puissances plus faibles, gardant en réserve la puissance nécessaire pour respecter les variations de dynamique.

La majorité de mini voire micro-chaînes présentent cet "avantage" de la taille et de pouvoir mieux trouver leur place dans un logement de peu d'espace. Il est par contre peu probable qu'elles délivrent des puissances élevées, quoique généralement suffisantes dans bien des cas.

 

 

 

 

NOSTALGIE de MODE (?)

 

Ce que nous observons aujourd'hui est un retour en force de ce que furent les grandes années de la haute fidélité, où posséder ce genre d'équipement faisait partie des signes distinctifs d'une certaine catégorie de citoyens. Or il est possible d'observer à des prix de vente hallucinants des appareils de l'ancienne génération analogique (que ce soit de la haute-fidélité ou des instruments de musique électronique d'ailleurs) qui se mettent à foisonner sur les sites de vente d'occasions.

Une fois de plus, nous marchons sur la tête.

La mode du "Vintage" est en route avec, pour corollaire, un marché des appareils à vocation sonore, fabriqués principalement dans les années 80, voire avant, qui déraille totalement, ce qui pour autant n'enlève rien aux réelles qualités intrinsèques de certains équipements particulièrement bien conçus et réalisés il y a parfois plus de trente ans, dont les qualités sonores, mais aussi la longévité, n'ont rien à envier aux contemporains !

Et que dire encore de cette approche hyper-technique qui consiste à rajouter un étage intérmédiaire dans un circuit pour compenser les défauts que l'étage précédent a introduit..?

Il est prudent d'éviter la "lutte des classes" entre audiophiles et mélomanes, les uns se concentrant sur le comment alors que les autres savent le pourquoi. Si les deux arrivaient à se tendre la main, ils prendraient conscience de ce qu'ils avancent ensemble...et que de ce fait certaines querelles restent désepérément stériles. Mais ceci est un autre débat.