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L'art du mixage

 

COMMENT FAIRE POUR QUE CA "SONNE"

 

Si les home-studistes n'ont pas tous vocation à être des ingénieurs du son mais plutôt des artistes capables de mettre en forme leurs projets musicaux, il n'en reste pas moins que le respect de certaines règles améliorent grandement la possibilité de communication aux destinataires de leurs oeuvres, à savoir les producteurs artistiques, souvent leurs premiers auditeurs du monde professionnel. Ainsi n'est-il pas stupide de considérer qu'entre une maquette qui "sonne bien" et une maquette faite à la-va-vite ou mal, le jugement porté peut s'avèrer différent, même si on accorde aux professionnels...de l'être et donc de ne pas tenir compte de la "forme" présentée.

 

 

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Sacré Graal...

 

Dans les faits, pour vous l'artiste, cette approche reste à double tranchant. A choisir, mieux vaut un bon piano/voix ou guitare/voix très bien fait qu'une maquette avec des arrangements qui vont desservir le titre parce que mal placés, mal dosés, présentant des problèmes, trop proches de la voix, bref une multitude de petits détails qui, ensemble, risquent de polluer l'essentiel.

 

En fait si le-dit producteur éventuel vous renvoie après audition, en vous suggérant de réaliser "une maquette plus aboutie", qu'il aura alors "matière à se forger une conviction", la traduction en est simple:

1/ Ca ne lui plait pas, ou

2/ Il faut peut-être envisager de revoir votre travail...

mais pour autant vous avez peut-être trouvé l'idée géniale qui n'est simplement pas assez audible....Surtout pas de découragement, le génie est reconnu parfois (trop) tard.

 

 

Maintenant, si vous en êtes au mixage, c'est que vous êtes déjà passé par les autres phases, préalables et nécessaires, de prise de son. Cela peut vouloir dire aussi qu'il était déjà trop tard:

 

"Tous ces défauts seront corrigés au mixage..." vous dit votre ami.

 

Ce à quoi il faut répondre: "la plus belle fille au monde ne peut donner que ce qu'elle a". Une très regrettable idée reçue, trop largement répandue, est que tout se passe à cette étape... FAUX et ARCHI-FAUX !!!

 

La technique, aussi avancée soit-elle, ne peut pas remédier à des imperfections trop lourdes et/ou trop nombreuses, sauf à créer un produit techniquement valide, mais dénué d'intérêt artistique. C'en est le revers possible. La stricte vérité est fort simple: dans l'absolu, le mix devrait être une mise à plat soignée et vivante. Cela signifie que même si toutes les tirettes sont au même niveau, le résultat doit déjà être là, sans intervention de quiconque. C'est donc bien le fruit d'un travail réalisé en amont qui peut être magnifié.

 

Donc pour résumer, sur une console, on ne trouve jamais de touche TALENT, ni de poussoir SUCCES, ni même de potentiomètre REUSSITE....Et plus agaçant encore, ce qui sonnait bien aux premières prises peut, au fil de l'avancement du projet, devenir terne, plat, bref donner un résultat amoindri.

 

STOP. Que s'est-il donc passé juste AVANT ?

 

 

Christophe Chauvet (Ingénieur son):
«Se poser des questions est une chose utile, mais l’important est le son à l’arrivée»

 

 

Les règles de base du mixage

 

Au risque de se répeter, le but d'un bon mixage est d'obtenir un mélange homogène de l'ensemble musical. C'est toujours mieux de se le dire avant et pendant. Vous trouverez ici quelques grandes règles qui, sans confiner à la magie, ont le mérite de l'efficacité si elles sont appliquées dans l'ordre décrit. Elles ont simplement pour but de vous aider à approcher le meilleur résultat de manière professionnelle, sans autre prétention. A ce titre, certaines étapes, telle la mise en place des gates, etc...sont volontairement passées sous silence étant entendu que ce sont des opérations à gain unitaire.

 

Autre chose: une bonne façon de faire consiste à enregistrer régulièrement son travail après chaque étape importante, en lui donnant un numéro de version, augmenté de un, ou avec la mention "bis" accolée si vous avez un doute. Cette démarche volontaire, automatiquement horodatée, vous permettra d'éviter d'avoir tout à reprendre depuis le début...Mieux que cela, une fois la première mouture établie, vous avancez avec un minimum de sérénité. Nous passons délibérément sous silence l'absolue obligation d'effectuer des sauvegardes sur un autre support, de manière régulière...Mais vous le faites déjà, n'est-ce pas?

 

Avant même de commencer à toucher quoique ce soit dans votre DAW (Digital Audio Workstation) il est plus que judicieux et nécessaire de mettre une chose en place : votre niveau de monitoring (d'écoute). Fondamentalement, si vous mixez sous un casque ou avec des haut-parleurs, vous devez au préalable définir un niveau de volume spécifique ( et compatible ) qui sera votre volume de mix par défaut. Le moindre changement de celui-ci peut affecter la façon dont vous entendez les choses et nuire à vos futures prises de décisions. Donc, trouvez la bonne position de votre bouton de volume et n'y touchez plus pour tout ce qui va suivre.

Quel est le bon niveau? Le meilleur volume de mix est celui qui est assez bas pour vous permettre d'avoir une conversation normale avec quelqu'un assis près de vous sans presque avoir à élever la voix...C'est sans doute beaucoup plus bas que celui que vous utilisez, mais il ya trois bonnes raisons de le faire:

la réponse en fréquence est plus précise, vous aurez moins à subir les réflexions de la pièce et vous protégerez votre audition.

 

Bien. Une fois ce niveau d'écoute déterminé, vous aurez sans doute encore un peu de travail de préparation. Une bonne configuration met en scène le réglage de gain sur vos titres dans votre DAW. Si ceux-ci sont susceptibles d'être trop forts et laissent bien trop de marge sur la course de vos faders, vous devez baisser le gain de vos pistes de manière à ce que, par suite, ils occupent moins de place sur votre sortie stéréo.

Autrement dit, si votre fader est bas mais que le niveau en sortie se rapproche de la zone rouge, vous êtes en difficulté. Et l'écrêtage numérique ne sonne pas bien du tout...

Cela peut être facilement évité. Vous pouvez le faire soit avec les faders de volume réel, soit en modifiant le réglage de gain d'entrée. Lorsque vous pouvez lire les pistes et disposer de 25 % à 50 % de marge sur la course de votre tirette en moyenne, vous êtes dans la bonne fourchette.

 

Commencez par travailler la section rythmique: batterie puis basse puis guitare rythmique et claviers, ou toutes variantes similaires dans cet ordre si elles ont cet objectif. Le but est d'obtenir une "tournerie" c'est-à-dire une pulsation de base (un seul "s" !) qui est déjà solide sans rien d'autre à côté...Un sous-groupage, une fois les niveaux et sonorités acquis, permettra de rentrer ou sortir cette fondation dans le mélange final. Procédez alors comme ci-dessous pour les autres sources. Mais n'allons pas trop vite...

 

L'étape suivante est potentiellement l'une des plus critiques d'entre toutes. A ce stade du processus, nous voulons établir la position du volume idéal de chaque piste par rapport aux autres dans le mélange. Pour chaque piste il existe une position du fader de volume optimale. Votre travail consiste à la trouver. Cela demande beaucoup de répétitions d'écoutes (mise à plat améliorée). Le niveau doit être satisfaisant dans à peu près toutes les parties du titre. Il ne sera sans doute pas parfait ( vous aurez probablement besoin plus tard de l'automation ), mais 90% du chemin sera fait. Cette étape est donc essentielle, non seulement parce qu'elle définit une grosse part du son de votre mix, mais parce qu'elle va être la base de tout ce que vous ferez ensuite avec l'égalisation, la compression, les effets et même l'automation.

 

Il est enfin temps de consolider votre mix avec l'outil le plus puissant, le correcteur de timbre. En fait, rien d'autre n'aura autant d'impact sur le son final que ce que vous allez faire maintenant avec les corrections. Pour le meilleur ou pour le pire, la majeure partie du son final vient des EQ. Une très bonne méthode de travail consiste à effectuer cette partie du mix en MONO. Cela vous obligera à mieux estimer ce qui, sur chaque piste, peut et doit être vraiment entendu, même quand elles sont superposées. Ce travail est long. Il faut pourtant le continuer jusqu'à ce que vous puissiez discerner nettement chaque piste dans le mélange et que toutes vous paraissent équilibrées. Une fois cette étape franchie, vous pouvez repasser en stéréo.

 

La seconde approche après l'égalisation, en termes d'importance, est la compression. C'est votre outil complémentaire. Là où l'égalisation a nettoyé votre mix et a clarifié les pistes, la compression va créer puissance, impact et énergie. Il s'agit cependant d'un outil redoutable dont il faut absolument éviter d'abuser, bien que ce soit tentant. Vu de manière symbolique, la compression n'est rien de plus qu'un fader de volume automatique. Mais en pratique, elle peut apporter cette touche de "magie". Utilisez la compression pour améliorer ce qui reste. Ou revenez le temps qu'il faut sur les EQ (en mono !).

 

Appliquez la méthode de l'écoute critique. Si vous ne savez plus où vous en êtes, faites une pause dans le silence et changez d'air avant de vous y remettre.

 

au secours

 

Bravo pour votre ténacité...Le résultat? Un mélange qui a clarté et punch.

 

Après EQ et compression, dont les paramètres sont maintenant en place, vous devriez éprouver une assez grande satisfaction. Le seul problème potentiel est que cela peut sembler un peu trop sec, car honnêtement, la plupart du temps, le home studio est une petite pièce. C'est là que les effets basés sur le temps, simples comme la réverbération et le délai, peuvent s'avérer pratiques. L'objectif est de prendre maintenant ce mélange clair et percutant pour le fondre dans un espace commun. Vous devez donner l'illusion que le groupe a enregistré ensemble, dans la même pièce. De la réverbération peut donner de la cohésion. Des retards sur les voix peuvent aussi placer le chant principal et le faire sonner mieux. Cette étape est très dépendante de vos goûts personnels.

 

Un grand mixage n'est pas qu'un mélange de sons clairs et percutants. Il a également pour but de créer un impact et inviter l'auditeur au voyage. A chaque instant, il doit se passer quelque chose d'autre pour intéresser et engager le public à vous suivre. Sinon l'auditeur va s'ennuyer et risque de passer à autre chose. Ecoutez et repassez votre chanson systématiquement du début à la fin et faites tout ce qu'il faut pour garder la musique en vie. Si le couplet 2 ressemble au couplet 1, remplacez-le. Coupez quelque chose pendant le premier en rendant muet une des pistes ou plusieurs. Ou ajoutez un effet au deuxième. Ou automatisez le panoramique plus étroitement dans les couplets que dans les refrains. C'est à vous d'imaginer. Faites de chaque partie de la chanson une partie de l'histoire. Cette histoire a un début, une vie, une fin. Tâchez de rendre chaque étape plus forte que la précédente jusqu'à la résolution du titre...

 

Vous avez maintenant un mélange clair et percutant qui se livre à partir de l'intro jusqu'à la note finale, il est donc temps de s'assurer qu'il va fonctionner dans le monde réel, pas seulement sur vos haut-parleurs à la maison. La première façon est simplement d'écouter votre mix sur un second ensemble de haut-parleurs ou d'écouteurs. Comme chaque système possède sa propre courbe d'égalisation vous pouvez l'utiliser à votre avantage. Ecoutez votre mix dans des haut-parleurs qui sonnent totalement différemment de vos enceintes principales et prenez note de tout ce qui vous choque, manque, parait trop fort...Retournez à votre console et réajustez légèrement ce qui fait défaut, puis assurez-vous que tout sonne bien sur les deux ensembles de haut-parleurs.

 

Une chose est sûre : Dans le son de chaque grand mix ces principes ont été appliqués.

 

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